On le dit et l’on ne cessera jamais de le clamer apertis verbis. Le colonialisme n’est pas fini. Il continue en mutant de formes et de modèles opératoires. Les velléités colonialistes des traditionnels agresseurs des peuples d’Afrique sont plus qu’actuelles. Lorsque nous disons « traditionnels agresseurs », nous pesons minutieusement nos mots et nous le disons en parfaite connaissance de causes. Il ne s’agit aucunement pas d’une affirmation gratuite sans fondement. Bien au contraire, une telle assertion trouve ses fondements les plus indiscutables et absolus dans l’analyse du parcours historique des peuples d’Afrique du quinzième siècle jusqu’aujourd’hui. Les faits empiriques passés et actuels ne font d’ailleurs que corroborer davantage une telle position. Alors même que l’occident continue de se ruer tel un fauve affamé sur l’Afrique et sur ses richesses en semant sur son passage conflits armés, antagonismes artificiels, rebellions, génocides, famines, et désolations, il ose impunément se faire passer pour un défenseur des causes humanistes et de la démocratie. Mais il n’y a qu’aux débiles et aux ignorants de l’histoire que l’on peut continuer à narrer ces fables qui d’ailleurs sont caractéristiques de tant d’incongruités que l’on s’étonne que les médias et certains milieux académiques continuent de les arborer au monde. Il est temps que les africains comprennent que les indépendances, obtenues de façon asynchrone à partir de 1922, n’ont mis aucun terme au régime colonial comme le souhaitaient les indépendantistes. Elles n’ont jamais été garantes du respect, de la dignité et de la souveraineté de l’humanité des peuples noirs. Le combat pour la restauration de la dignité des peuples d’Afrique et pour la reconnaissance par les autres peuples de cet acquis pourtant essentialiste et atemporel est encore à mener. Et l’Afrique doit affronter cette sacrée responsabilité qu’est la lutte pour le respect de son altérité. L’enjeu de cette lutte est bien entendu plus qu’africain, il est planétaire, puisque tant que l’occident continuera de nier la naturalité de la diversité culturelle du monde et cherchera d’imposer à ce dernier son ethnocentrisme baptisé à tort « humanisme », le concept de la paix mondiale et d’effectivité d’une société cosmopolite mondiale ne sera que pure chimère. La position de la France, des Usa, de l’UE, bref de l’Occident dans ce qui convient d’appeler aujourd’hui le contentieux électoral en Cote d’Ivoire est largement révélatrice de ce contraste persistant dans l’acception du cosmopolitisme des « blancs ». A y voir de plus près l’on se rend bien compte qu’il y a une forte volonté manifeste de l’Occident d’asphyxier les peuples d’Afrique par toute une série d’artifices idéologiques, politiques et économiques. Car après avoir opprimé l’Afrique pendant trois décennies par le truchement des monopartismes et de dictatures maintenus contre les aspirations démocratiques des peuples africains, l’Occident a osé se faire passer pour un donneur de leçons de démocratie à partir des années 90. Grace à leur suprématie médiatique et économique les pays occidentaux ont réussi à faire croire aux « pauvres africains » que la paternité de l’initiative démocratique en Afrique leur revenait. Heureusement, les faits historiques post 90 nous permettent enfin de dévoiler cette nouvelle tentative de falsification de l’histoire contemporaine africaine et d’affirmer sans ambages qu’au contraire, c’est la confrontation bipolaire entre les Usa et l’Urss qui a été fossoyeuse du processus démocratique en Afrique et que les peuples africains ont toujours aspiré à leur liberté et à leur autodétermination. L’Occident n’a-t-il pas cherché à nier le droit à la liberté des colonies africaines en tuant les leaders indépendantistes, en massacrant les peuples noirs au Kenya, au Cameroun, en Algérie, en Rhodésie du Nord, au Madagascar, en Afrique du Sud, dans les anciennes colonies portugaises, alors qu’au même moment il prônait le droit à l’autodétermination des peuples colonisés aux Nations Unies ? Alors même que la fameuse déclaration universelle des droits de l’homme a été déjà proclamée en 1948 à l’Onu, qu’est-ce qui justifiait l’esclavage et l’humiliation des noirs sur leurs propres terres ? Elles sont nombreuses les incongruités qui nous autorisent à dire que l’Occident possède un autre agenda, certainement secret pour les peuples africains et que nous ne sommes pas encore dans la logique de liberté ni de souveraineté pour laquelle tant d’âmes africaines durent se sacrifier. Depuis 1990 la date de la résurgence du multipartisme sur la scène politique africaine les peuples africains se sont confrontés durement au déni par l’Occident de leur droit de choisir librement leurs propres dirigeants. Partout en Afrique, au Congo, au Togo, au Niger, au Mali, en Guinée, en Cote d’Ivoire, au Tchad, à Madagascar, etc… l’expression des peuples africains a été muselée à travers l’imposition par la France ou par les Usa de leaders politiques qui ne jouissent d’aucune légitimité populaire. Si les pays occidentaux étaient cohérents avec eux-mêmes, ils devraient cesser d’insulter les noirs en se faisant passer pour des démocrates devant les médias. Nous nous rendons compte amèrement que les peuples occidentaux sont finalement résolus à piétiner la dignité et la souveraineté des noirs et qu’ils sont loin d’admettre le contraire. Et l’Afrique devrait se résoudre à se battre pour imposer à l’Occident le respect de sa souveraineté comme l’ont toujours fait les peuples d’Asie. Ce défi, l’Afrique doit le relever. Il n’existe pas d’autres alternatives pour les noirs : la résistance pour la liberté ou la passivité pour l’esclavage et la disparition. Nous avons longtemps cru en la bonne foi et en l’humanisme des « blancs ». Nous avons pardonné tout le mal que l’Occident nous a fait. En effet, nous avons subi pendant 5 siècles ce que les juifs ont subi pendant la deuxième guerre mondiale. Eux ils crient à l’holocauste, deviennent agressifs, s’arment, tuent les palestiniens devant le regard désabusé de l’Onu, ils ne respectent pas les résolutions du Cds des Nations Unies, ils violent le droit international et les espaces aériens des pays environnants pour faire des raids où bon leur semble, ils continuent de faire payer à l’Allemagne jusqu’à ce jour les frais de dédommagement pour le génocide hitlérien. Le peuple noir lui semble avoir tout oublié. Il renoue en toute innocence avec ceux qui l’ont mutilé et déshumanisé il y a de cela seulement quelques années. Il respecte le droit international et croit en la bonne foi des pays occidentaux. Il faut le faire car seulement de cette façon nous réussirons à construire un monde nouveau de paix et de bonheur. Mais la réalité nous pousse à comprendre que tel ne doit plus être pour nous une ligne de conduite face aux nations occidentales. En Cote d’ivoire les masques coloniaux enfouis par fourberie dans les têtes sont finalement montés en surface. Nous nous trouvons réellement devant une situation inédite de notre histoire postcoloniale qui nous met devant des évidences que notre sempiternelle bonté pour les colonialistes nous a empêchées de considérer durant bien de décennies. Nous sommes devant un contentieux électoral délibérément orchestré par un excès d’ingérence de deux pays occidentaux (France et Usa) et d’une organisation internationale (ONU). Bon nombres d’analystes obnubilés par l’intoxication médiatique refusent de lire la crise ivoirienne de façon objective. Comment expliquer que la France, l’Angleterre, les Usa et leurs valets occidentaux s’agrippent avec une telle violence à des résultats provisoires proclamés non pas par la CEI dans son ensemble mais simplement par son président, en dehors du délai constitutionnel, tout seul dans un hôtel d’Abidjan qui n’est autre que le QG d’un des candidats en course ? En dehors de tout parti pris et de tout militantisme partisan, le bon sens interpelle toute bonne conscience à recenser les incongruités d’un tel scenario. Il n’existe aucun pays au monde où les résultats de la commission électorale indépendante sont définitifs. Même dans le cas particulier de la Cote d’Ivoire où le scrutin a été organisé en étroite collaboration avec l’Onuci, il n’est prévu dans aucun texte que la CEI serait compétente à proclamer les résultats définitifs encore moins que l’Onuci pouvait certifier les résultats provisoires de cette commission pour en faire des résultats définitifs. La certification des résultats par l’Onuci ne pouvait advenir qu’après la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel de la Cote d’Ivoire. Pourquoi l’Onu, la France et les Usa ont-ils pu bafouer un si simple principe pourtant élémentaire dans toutes les démocraties du monde ? Sur la base de quelle logique les medias du monde ont-ils donc présenté Ouattara D. Alassane comme le président élu de la Cote d’Ivoire ? Nous sommes bel et bien devant ce que le philosophe allemand Kant appelait le préjudice de la majorité. C’est complètement ahurissant. On assiste à des déclarations d’autorité et à des tapages médiatiques objectivement sans aucun fondement. Car même si la Commission Électorale Indépendante jouissait de la prérogative de prononcer les résultats définitifs du scrutin et que l’Onuci était en droit de certifier de tels résultats, ce qui n’est pas le cas, la validité juridique et politique de ces derniers demeurait toujours tributaire du respect du délai prévu. Ce qui ne fut pas le cas, puisque M. Youssouf Bakayoko a publié les chiffres donnant Ouattara pour vainqueur en dehors des délais prévus par la Constitution ivoirienne et par les accords politiques qui ont régi le scrutin. Pis, il a violé la règle de l’unanimité qui discipline l’activité de son organe et qui fonde absolument la validité des résultats qui en émanent, pour se rendre au Quartier Général de M. Alassane Ouattara, non pas tout seul, mais accompagné par les ambassadeurs des Usa et de la France en accord avec l’Onuci. Il faut aussi rappeler à l’opinion publique qu’après l’expiration du délai de 3 jours prévu par les textes, M. Youssouf Bakayoko a bel et bien transféré les dossiers à la Cour constitutionnelle, qui est de jure seule compétente à composer le différend qui aurait empêché l’unanimité des représentants des forces politiques au sein de la CEI. Ce ne sera qu’après que M. Bakayoko se rendra à l’Hôtel du Golf sans le moindre représentant d’aucun parti mais sous l’injonction des diplomates occidentaux pour annoncer à la presse étrangère des résultats de fait illégitimes. Il urge de noter que M. Bakayoko avait déjà essayé de violer la règle de l’unanimité en vogue au sein de la CEI pour proclamer dans la précipitation des résultats non consensuels mais en avait été empêché par les représentants de Gbagbo Laurent qui ont du recourir à la force. Comment de tels résultats, proclamés ensuite en toute illégalité peuvent-ils être entérinés par le Conseil constitutionnel, surtout que les représentants de Gbagbo avaient fait le jour même un recours contre le camp de Ouattara pour fraude ? Il est tout à fait étonnant de remarquer que contrairement au Camp de Gbagbo les partisans de Ouattara n’ont fait jusqu’à ce jour le moindre recours contre Gbagbo pour fraude. Si tous ces faits sont vérifiés, en vertu de quelle autorité les ambassadeurs de la France et des Usa en accord avec l’Onuci ont-ils fait annoncer à M. Bakayoko des résultats à l’Hôtel du Golf ? Et pourtant, c’est sur la base de ces résultats prononcés en violation de toutes les dispositions juridiques ad hoc et constitutionnelles prévues que la France, les Usa, l’Onuci et les medias qui leur sont inféodés ont fait passer M. Alassane Ouattara pour le président de la Cote d’Ivoire. Ce qui s’est passé en Cote d’Ivoire est gravissime et dénote d’une volonté impérialiste et irrespectueuse des lois et des institutions de ce pays. C’est tout simplement du gangstérisme politique avalisé par l’Onu qui tente de fonder la souveraineté de la Cote d’Ivoire sur la reconnaissance internationale et non sur les institutions légales du pays. Pour les nations africaines, une telle tentative constitue si elle réussi un grave précédent qui risque de faire jurisprudence et de promouvoir la provincialisation de l’Afrique noire. Dans quel pays occidental, des résultats issus d’élections présidentielles annoncés dans un tel contexte avec un si grand nombre de vices de procédures, peuvent-ils être ainsi avalisés par l’opinion publique et internationale ? Dans des conditions normales de respect de la légalité et de la souveraineté de la Cote d’Ivoire, ces ambassadeurs et l’Onuci devraient être poursuivis par la justice internationale. Il n’en est rien. C’est cela qui choque même certains adversaires de Gbagbo qui ont fini par reconnaitre du coup les dangers que représentent les occidentaux pour l’Afrique. Si par la suite, le Conseil constitutionnel a cru plus opportun d’annuler les votes des bureaux de vote qui justement étaient à l’origine de l’incapacité de la CEI de délibérer à l’unanimité, il faut reconnaitre qu’une telle prérogative rentre normalement dans ses compétences sur la base du même article 64 du Code électoral ivoirien, lequel de part son ambigüité, laisse au Conseil constitutionnel le pouvoir discrétionnaire de juger de la gravité des irrégularités et conséquemment, de l’annulation partielle ou complète du scrutin. La question reste ouverte sur ce point. En tout état de cause le Conseil constitutionnel reste et demeure l’organe le plus compétent pour en juger et d’ailleurs ni l’Onuci, ni le camp de Ouattara ne lui a contesté cette prérogative que seul le peuple ivoirien a le pouvoir de remettre en cause. L’Onuci n’est plus une force impartiale et a pris position de la plus brute des manières certainement sous la pression des Usa et de la France. Beaucoup d’analystes africains et même de chefs d’États qui s’étaient rués avec précipitation et par anti-gbagbisme sur la question ivoirienne sur la base des informations relayées par les medias occidentaux ont fini par comprendre l’irrecevabilité de la victoire de M. Ouattara. Les positions de l’Afrique du Sud et du Panel des chefs d’État mandatés par l’UA sont claires : pas de précipitations inutiles et de déclarations d’autorité sans fondement, la question va au-delà des frontières ivoiriennes, il s’agit d’une crise africaine qui doit être résolue en Afrique. Bien loin de cette logique légale et légaliste, l’Occident continue de se cramponner à des résultats complètement illégitimes et de surcroit provisoires annoncés par le représentant d’un organe constitutionnellement incompétent, continuer de faire des pressions individuelles et collectives sur les pays de la Cedeao pour les inciter à user de la force armée pour faire partir M. Laurent Gbagbo. Pourquoi la Cedeao n’a-t-elle pas usé de la force armée pour éteindre la rébellion de 2002 qui tentait de prendre le pouvoir de manière inconstitutionnelle en Cote d’Ivoire ? Aujourd’hui, M. Ouattara et ses parrains occidentaux, voyant que le pouvoir résiste à l’asphyxie financière et aux embargos, passent à l’étape du chaos en soutenant publiquement les rebelles de Soro lesquels ont commencé des excursions armées contre les populations en vue de pousser les Fds à la confrontation armée et de saboter la procédure de médiation en cours. Tant d’incongruités qui nous poussent à poser le problème de l’identité de M. Ouattara et du rôle de l’Onuci et de la Cedeao en Cote d’Ivoire. Les peuples togolais se souviennent certainement de la position de l’organisation sous régionale durant les événements qui ont secoué ce pays à la mort du feu Gal Gnassingbé Eyadema en 2005. La Cedeao avait déclaré légitime et démocratique l’élection du président Faure malgré les multiples preuves d’irrégularités, de massacres et de violence enregistrés avant, durant et après le scrutin. Le fils du dictateur fut installé contre la volonté du peuple togolais et les reconnaissances ont plu de tous les cotés mais surtout de la France, de l’UE et des Usa. Si l’opposition togolaise avait eu la faveur de l’Occident, aurait-on assisté aussi à la guerre économique et à des ultimatums de Sarkozy et à des incitations à la guerre de l’Occident et de l’Onu pour faire abdiquer Faure ? C’est dommage pour l’Afrique que l’on assiste si passifs et sans réagir à des invectives publiques d’un président français à l’endroit du président Gbagbo depuis l’Europe. Le comble c’est que l’Afrique compte encore de ces chefs d’État et hommes politiques à l’image de Ouattara, de Faure Gnassingbé, de Paul Biya, d’Ali Bongo ou du nigérian Goodluck Jonathan qui acceptent de vendre leur dignité, compromettre l’avenir de leur peuple, et leur propre souveraineté pour des miettes de privilèges et de facilités que la France et les Usa leur proposent dans les instances internationales. Le régime d’occupation coloniale est fini, mais à sa place un autre régime colonial qui ne dit pas son nom mais que les événements actuels nous permettent de comprendre. Avant 1960 le défi des peuples africains était celui de mettre fin à l’occupation coloniale et esclavagiste. Ils y ont réussi. Aujourd’hui, le grand défi dont la relève nous incombe, c’est celui de l’africanité de nos leaders politiques. Très bientôt, s’ouvrira une nouvelle ère pour l’Afrique où le critère de l’africanité ou du panafricanisme deviendra un pré requis inconditionnel positif ou coutumier pour les courses à la magistrature suprême en Afrique noire. Et il y a un très grand risque que cette exigence a priori constructive se mute en anti-occidentalisme institutionnel, compromettant ainsi la noble marche vers une société mondiale de paix.
Auteur : Ekue Folly Grace
#1 par suedois yanko le mars 2, 2011 - 19:30
moi je crois que ses français et les soldats de l’ONU sont selon moi des rebelles et j’encourage les jeunes patriotes a luttés contre ses agresseurs
Que la lutte continue