« Il faut prendre l’événement par la main avant d’être pris par lui à la gorge » disait Churchill. Pendant dix ans, les citoyens des démocraties barbares mais dites avancées se sont couchés le cœur léger, bercés par la tranquille assurance qu’il ne pouvait plus rien leur arriver. Pour eux, les philosophies de l’histoire et les idéologies politiques qui avaient dévasté le 20ème siècle étaient définitivement morts avec l’Union Soviétique. Les misères des masses étaient rangées à un passé révolu.
L’heure était non seulement au soulagement et à la détente, mais aussi à la célébration d’un monde nouveau et idéal, aux antipodes des inventions démoniaques du cycle historique meurtrier ouvert en 19914 et clos en 1989 avec la chute du mur de Berlin.
Au moment où elle ne l’espérait plus, Athènes a triomphé de Sparte. L’aube radieuse d’une paix et d’une prospérité perpétuelles se levait, renvoyant à des temps obscurs les disciplines liées à la défense de la liberté, les contraintes de rareté et de rentabilité inhérentes à la création de richesses, la recherche tâtonnante d’une régulation économique et sociale. La liberté n’était plus un combat mais un acquis, le développement ne reposait plus sur le travail mais sur la manipulation illimitée des signes du capital e de l’information ; la justice sociale ne supposait plus des choix volontaires mais naissaient spontanément du jeu du marché ; le destin des nations et la conduite des états se confondaient avec le foisonnement exubérant des réussites individuelles.
Pour faire court, au temps des tragédies des nations et des peuples, caractéristiques du 20ème siècle succédait le temps d’un bonheur privé illimité. Les lendemains qui chantent n’étaient plus à chercher dans les mirages des idéologies mais dans les promesses tangibles de la mondialisation et de la nouvelle économie. La politique des nations développées n’était plus l’art d’agir sur le réel en incarnant des idées et en mobilisant les énergies autour d’un projet, mais celui de coller au plus près aux revirements d’une opinion de plus en plus volatile, capricieuse et blasée. La défiance légitime envers les idéologies se transforma en prime aux caméléons comme les « YES WE CAN ».
Le réveil fut brutal et le prix acquitté pour cette félicité trompeuse particulièrement élevé. A partir de 2000, l’enchainement d’un krach boursier d’une ampleur supérieure à celle de 1923, des frappes terroristes au cœur des démocraties symboles de cette « pseudo Belle-Epoque », des conflits divers, de la crise morale et financière du capitalisme révélée par la faillite scandaleuse d’Enron a semblé transformer brutalement le paradis en enfer. Le spectre d’une nouvelle grande déflation mondiale n’a été conjuré qu’au prix d’un interventionnisme massif des Etats Unis d’Amérique dont les séquelles pèseront durablement sur la stabilité du développement, des changes et des paiements mondiaux. Le surgissement de la Chine, de l’Inde, du Brésil, de l’Afrique du Sud au premier rang de l’économie mondiale remet en question la prééminence des pays développés et des rentes dont ils bénéficiaient du fait de leur monopole sur tous les marchés.
En bref, le 21ème siècle débute sous le signe d’un big-bang de l’histoire qui voit converger l’achèvement du cycle de la colonisation européenne ouvert au 16ème siècle.
De plus de grands bouleversements se sont opérés depuis un quart de siècle mais ceux à venir sont encore plus importants. Les grandes démocraties se sont peu ou prou adaptées. Toutes, sauf une. La France. Qui est à la merci d’une crise majeure. Nous sommes au seuil d‘années décisives qui détermineront le destin de la France, son identité et même sa survie.
C’est cette France-là, celle qui lutte pour sa survie qui veut faire main basse sur les ressources de notre pays. Le discours ne doit plus être emprunt du langage politique. La France est là pour avoir la mainmise sur nos ressources naturelles par l’intermédiaire d’un Burkinabé qui nous dit « merci » à sa manière, celle du mossi qui décapite son maître, s’accapare de ses biens avant de tirer sa révérence. La France, sachez-le chers compatriotes, joue sa survie en Côte d’Ivoire et elle est prête à tout. L’Amérique de OBAMA veut en profiter pour solder les séquelles de son interventionnisme massif qu’elle ne veut pas ou n’a pas le pouvoir de faire payer par ses citoyens en levant de nouveaux impôts. L’Amérique aussi lorgne sur les ressources naturelles de l’Afrique pour soigner les plaies de son errance. En fait, les grandes puissances nous voient comme d’immenses champs de pipelines pétroliers ou gaziers. On le savait, OBAMA est d’abord le président des Américains et il nous le démontre par son analyse mercantiliste de la situation d’après élections de la Côte d’Ivoire. A nous, au peuple de Côte d’Ivoire de savoir s’il veut survivre ou non.
Nous sommes dans une situation qui met face à face des intérêts contradictoires, une situation qui ne laisse aucune place au raisonnement. C’est parce que la situation ne laisse aucune place au raisonnement que nous souffrons. Nous devons donc nous battre. En évoquant l’idée d’une commission internationale d’évaluation, une entorse avait déjà été faite à notre constitution selon moi mais ne dit-on pas que quand le vin est tiré qu’il faut le boire ? Alors, buvons le vin. Aucune autre procédure légère, n’allant pas en profondeur de la situation ne doit être acceptée. Dans tous les cas de figure, le peuple de Côte d’Ivoire, avec à sa tête son Président, doit veiller à ce que le panel fasse un travail sérieux emprunt de rigueur et d’honnêteté. Nous devons savoir qu’ils (la France, les USA, l’ONU) sont encore dans le panel des chefs d’état africains sans y figurer nommément. Ils ne dorment pas et travaillent jour et nuit j’en suis convaincu pour travestir le travail des experts qui arrivent à Abidjan. Ne faisons pas les mêmes erreurs comme partir aux élections avec une liste électorale sur laquelle figurent bien de compatriotes de Monsieur Ouattara et une rébellion sauvage et armée, la certification de Monsieur CHOI, une CEI déséquilibrée en notre défaveur, et c…, ne donnons pas l’occasion à nos ennemis de dire que nous n’acceptons pas les résultats lorsqu’ils ne nous sont pas favorables.
La France et ses alliés luttent pour leur survie comme nous luttons pour la nôtre. La différence entre eux et nous, c’est qu’ils sont soudés contrairement à nous Africains. Dans leur esprit, ils forment un seul pays parce que si la France se porte bien, la Grande Bretagne, la Belgique et consorts pourront profiter des retombées de sa santé économique et sociale. Or, nous savons que chaque pays africain a son maître en occident. La Grande Bretagne fera pression sur ceux que la France ne peut intimider. Voilà pourquoi nous devons rester vigilants et veiller à ce que rien ne nous échappe cette fois-ci Nous ne devons pas faire aveuglement confiance aux pays africains, à l’U.A. Comment croire des hommes politiques trainant tous des casseroles, à même de tenir tête à l’ONU qui peut à tout moment leur brandir la menace de la CPI ? Comment croire des chefs d’états dont les pays vivent sous perfusion des aides de l’U.E, capables de proposer autre chose que ce que leur dictent leurs maîtres européens ? Ne doutons pas. Nous ne nous trompons pas. Le moment de vraiment arracher notre vraie souveraineté est là. Nous devons répondre présents. Nous vaincrons parce que notre combat est légitime.
Que Dieu garde la Côte d’Ivoire.
Richard Inago
Paris, France.