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Côte d’Ivoire. Forfaiture de l’ONU démontrée.

Ceux qui doutent encore du fait que l’ONU n’est plus qu’un instrument au service de quelques grandes puissances, peuvent aller consulter les documents mis en ligne sur le site de l’ONU. Un conseil, évitez les retranscriptions qui en sont faites par l’AFP et d’autres médias d’état français, ceux-ci ont pris la facheuse habitude de les charcuter.

Le rapport du groupe d’experts de l’ONU dont Survie demandait la publication dans son communiqué de presse du 6 avril sur la Côte d’Ivoire a enfin été rendu public.

Après sept mois de blocage, le comité des sanctions l’a transmis le 20 avril au conseil de sécurité. Ce dernier l’a publié une semaine plus tard, à la veille d’une nouvelle résolution qui reconduit pour un an l’embargo sur les armes et diamants. Pourquoi avoir attendu sept mois pour publier ce rapport ?

Les experts y mettent l’accent sur le réarmement des rebelles, leur refus des inspections des lieux susceptibles d’abriter des armes, leurs équipements militaires récents et le rôle du Burkina dans l’acheminement des armes et des munitions. Les détails rapportés permettent d’affirmer que l’économie de guerre mise en place par les chefs de la rébellion génère des recettes – non reversées au budget des Forces nouvelles – de l’ordre de cent millions de dollars.

Trois com’zones sont particulièrement épinglés : Ouattara Issiaka (alias Wattao) à Séguéla, Losseni Fofana (alias Loss) à Man et Martin Fofié Kouakou à Korhogo. Le groupe d’experts suggère d’élargir les sanctions déjà prises contre Fofié à Wattao et Loss. Bref, le rapport montre que, loin de préparer leurs troupes au désarmement et à la réinsertion préalablement aux élections, comme l’exigeait le quatrième accord de Ouagadougou, les hommes de Guillaume Soro préparaient la reprise du conflit armé qu’ils avaient déclenché en 2002. Ces éléments plaidaient clairement en faveur d’un nouvel ajournement des élections. Depuis 2005 au moins, la France a manoeuvré pour que les élections aient lieu sans désarmement.

On sait que les diplomaties britannique et sud-africaine se sont inquiétées de l’absence de désarmement, sans aller jusqu’à s’opposer publiquement à la position française.

Le blocage du rapport montre l’instrumentalisation de l’ONU dans la crise ivoirienne. Un nouvel indice de cette instrumentalisation circule sous la forme d’une série de photographies. On y voit des casques bleus déportant Gbagbo vers Korhogo, où il est confié au chef de guerre Fofié Kouakou. Celui-là même qui est sanctionné depuis 2006 par l’ONU pour de très graves atteintes aux droits humains !

Ajoutons que le 30 mars, le comité qui chapeaute les experts a allongé la liste des individus sanctionnés. Non content de mettre sous le tapis le rapport, le comité a ignoré ses recommandations et préféré inscrire l’ex-couple présidentiel et trois personnes de leur entourage.

L’ONU n’a pas favorisé la préparation d’élections libres et transparentes.

L’ONU a préparé la prise de pouvoir de Ouattara pour plaire à la France!!!

Dr Michel Lambret

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Côte d’Ivoire, où le silence fait loi

Le journaliste François Leclerc évoque la loi du silence et l’impunité qui entourent la situation en Côte d’Ivoire au lendemain de la capture de Laurent Gbagbo et ses proches – sur SlateAfrique :

Les jours passent et dévoilent un peu plus la portée des mensonges d’Etat en Côte d’Ivoire. L’interview ici sur SlateAfrique de Choi Young-jin, l’envoyé spécial de l’ONU en Côte d’Ivoire dit beaucoup de l’incroyable morgue, de l’incommensurable mépris que porte ce haut fonctionnaire à une partie du peuple ivoirien. Je passe sur ses difficultés à jouer au golf alors que les gens tombaient sous les balles et que le pays s’enfonçait dans la tourmente… Invraisemblable.

On ne compte pas les faussetés recensées dans ses propos, lui qui annonçait 70% de votants le lundi 29 novembre 2010, au lendemain du second tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, et 81% fièrement aujourd’hui. Comment peut-il évoquer environ 300 morts à Duékoué alors que le comité international de la Croix rouge (CICR) a comptabilisé plus de 800 corps? Comment peut-il évoquer les soutiens de Gbagbo avec autant de haine? Faut-il lui rappeler que la plupart de ceux qui ont voté pour le vieux combattant de la démocratie sont issus de la classe moyenne, qu’ils sont notamment étudiants, professeurs, fonctionnaires; ce tissu social aujourd’hui détruit ou brisé par des tueurs à amulettes dans les rues d’Abidjan? Faut-il lui rappeler le texte qu’il avait écrit trois jours avant les élections confirmant la suprématie du Conseil constitutionnel sur tout organe extérieur?

Il ne peut donc évoquer des tricheries identiques au Nord et à l’Ouest alors qu’aucune requête n’a été formulée contre la majorité présidentielle. Choi piétine les lois qu’il assurait respecter la veille du scrutin… Bizarre, bizarre. Nous avons aussi découvert dans son exposé l’existence de bureaux-tests en Côte d’Ivoire. Est-ce possible, dans un pays qui n’a jamais connu de vraies élections présidentielles et qui n’a donc aucune antériorité dans l’analyse de résultats?

La loi du silence

J’aurais aimé qu’il réponde aux accusations du Canard Enchaîné sur le soutien de l’ONU au trafic de diamants par les proches de Ouattara dans les années 2009-2010. Ce sujet majeur est au cœur de la manipulation. Je vous conseille le reportage d’Arte sur la prise de Laurent Gbagbo par les soudards de Ouattara: un parfait résumé pour comprendre les forces en présence. Au milieu de ce désastre orchestré, un homme: Jean-Marc Simon, ambassadeur de France. «Gbagbo n’existe plus», vomit-il, posture de coq dans la basse-cour. Son attitude est insultante, ignorante de tous ces gens qui ont voté pour son ennemi revendiqué. Il se rêve en gouverneur au royaume des Eléphants; il n’est qu’un pantin triste qui a tué la démocratie dans ce pays grâce à l’armée française dont certains gradés s’avouent écœurés, en privé, de travailler à côté de chiens de guerre incultes.

Certaines organisations humanitaires —Médecins sans frontières, toujours droit dans ses bottes, Amnesty International ou le Comité International de la Croix-Rouge— ont heureusement brisé la loi du silence généralisé. Reporters sans frontières s’est aussi indigné des atteintes à la liberté de la presse.

Une presse ivoirienne moribonde

Rappelons-nous l’époque récente où l’opposition sortait six ou sept quotidiens, ou les pro-Ouattara s’exprimaient sans vergogne. Le paysage est maintenant dévasté. Les journaux pro-Gbagbo n’existent plus, des imprimeries ont été brûlées, et ça ne pose aucun problème aux médias français. La Télévision Côte d’Ivoire (TCI) reproduit les mêmes reportages que la Radio Télévision Ivoirienne (RTI) mais à l’inverse, et la France et l’ONU applaudissent ce qu’elles honnissaient la veille.

Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), ose critiquer ce système dictatorial? On lui coupe la parole et on l’interne! Ce jour-là, le reporter de RFI présent sur les lieux au moment de la déclaration est rudoyé par les autorités et son matériel et son portable saisis. La réaction de ses boss parisiens? Un silence courtois. Tous les employés aimeraient être défendus avec autant d’amour par leurs patrons…

La démocratie par les armes

Quid des autres membres du gouvernement, proches du FPI (Front populaire ivoirien), embastillés dans un hôtel? On leur retire leurs cellulaires. Interdiction de communiquer avec l’extérieur. Où sont les Blé Goudé (ex-ministre de la Jeunesse), les Don Mello (porte-parole du gouvernement Gbagbo)? Pourquoi frapper Michel Gbagbo? Personne ne le sait. Magnifique démocratie par les armes. Recherchez les images de Dakoury-Tabley, ancien directeur de la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (Bécéao), en caleçon aux mains de voyous dans la résidence présidentielle, ou encore celles de Jean-Jacques Béchio, politicien éminent, le visage déformé et sanguinolent après avoir reçu un coup de pied alors qu’il venait se rendre…

A une époque récente, la France était intervenue contre le gouvernement précédent pour empêcher l’utilisation d’armes lourdes à Abobo (quartier nord d’Abidjan), nous avait-on affirmé. Les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) utilisent les armes lourdes à Yopougon mais le silence règne en maître. Chut, on tue des « miliciens». Y-aurait-il un bon et un mauvais sang ivoirien?

Si les exactions sont mois nombreuses ces derniers temps, comment arriver à renvoyer les dépenaillés de Guillaume Soro, le Premier ministre ivoirien —sorte de Mad Max sans le moindre soupçon de professionnalisme, capable d’abattre de sang froid Désiré Tagro, ancien ministre de la République, de se servir de boucliers humains pris au hasard dans la rue ou d’abattre I.B. pour l’empêcher de parler? Ils sèment la terreur, ont pillé toutes les administrations, les villas cossues. C’est d’ailleurs au passage la preuve que le vote dans le Nord était un vol manifeste; qui aurait osé exprimer un avis contraire à ces hommes ivres de violence et d’alcool?

On ne parlera même pas ici des meurtres perpétrés un temps sur les ethnies qui seraient proches de Laurent Gbagbo… On a créé des monstres; comment s’en débarrasser? Les principaux généraux de Gbagbo ont fait allégeance —par nécessité ou par choix— mais leurs troupes ne veulent pas spécialement travailler à côté de leurs fossoyeurs. Il est encore trop tôt.

Réconciliation: quelle légitimité?

L’administration est en panne, en dépit des appels à la reprise du travail. Et l’armée française s’est vue contrainte de sécuriser des banques le jour de la paie pour éviter de voir ses alliés piquer dans les caisses… Quelle marge de manœuvre possède Alassane Ouattara, ce président imposé par la France? Ses appels au calme, à la paix sont nécessaires, mais pas suffisants. Il sera jugé sur des actes, pas sur des paroles. L’enfermement de Gbagbo est une erreur stratégique à l’heure de la réconciliation: son ennemi est devenu son allié le plus puissant, le plus sûr. Peut-être le seul.

Le choix de Charles Konan Banny, membre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) anti-Gbagbo, comme président d’une Commission vérité et réconciliation participe de ces décisions iniques: on ne prend pas un homme aussi marqué politiquement pour apaiser les tensions. En Afrique du Sud, Desmond Tutu avait une immense légitimité en prenant la tête de cette même commission, dont les travaux ont duré trois ans. Il faut d’ailleurs absolument lire le texte de Thabo Mbeki, l’ancien président de la «nation arc-en-ciel». Il a travaillé sur la crise pendant des années, en connaît les ressorts et les hommes.

Je n’ai pas évoqué Nicolas Sarkozy, le président français, celui qui a amené et orchestré le chaos. Sa femme laissait échapper des larmes sur la mort de Français dans un attentat à Marrakech. Sait-elle seulement que des centaines de patriotes ivoiriens sont tombés sous le feu de leurs soldats? Cela vaut peut-être aussi quelques larmes…

François Leclerc sur SlateAfrique

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Réconciliation? Soyons sérieux !

Le président reconnu par la communauté internationale en côte d’ivoire Alassane Ouattara veut réconcilier ses compatriotes. Ainsi, il a pondu un beau discours et vient de nommer M. Charles Konan Banny comme président de la commission chargée de la réconciliation.

Pendant que M. Ouattara fait son discours, ses forces républicaines recrutées à tour de bras pour faire la guerre à la Côte d’Ivoire ont envahi villes et villages, commettant toutes sortes d’exactions sur les populations innocentes: Les habitants de Guibéroua, Soubré, Buyo, Toulepleu et autres villages Attié sont toujours dans les broussailles. Elles ne verront pas le passage des « anciens » venus apporter la paix au « bon moment ». Pourtant, il est élémentaire de commencer par nous débarrasser des chasseurs traditionnels illettrés, déguisés en militaires qui ignorent tout du droit et qui n’ont pour seul argument que leur fusil. La réconciliation ne peut avoir de sens si les tueries continuent.

M. Charles Konan Banny a été le responsable de campagne du RHDP au second tour des élections contre le président Gbagbo. En outre, en 2006, la communauté internationale l’avait choisit comme premier ministre avec pour mission de déposséder M. Gbagbo des pouvoirs de chef d’Etat. Sans succès. M. Banny peut-il raisonnablement faire une médiation sérieuse entre les militants LMP et ses propres coéquipiers ? Nous pensons que non.

La Côte d’Ivoire a connu une crise sans précédent. Qu’on ne nous amuse pas avec des discours de réconciliation au moment où une partie d’Abidjan est encore sous les bombes de l’armée française et de l’Onuci. Car à Yopougon, les combats continuent toujours entre la coalition FRCI-Licorne-Onuci et des jeunes à qui on a promis la mort après le désarmement.

De la conduite de cette réconciliation dépend l’avenir de ce qui reste de la Côte d’ivoire. Que Ouattara et ses amis arrêtent de jouer les enfants gâtés. En Côte d’ivoire, il y a par exemple l’association des chefs religieux. Pourquoi ne pas leur confier cette réconciliation ? Nous devons faire notre avenir et non plaire à la France en nommant ses affidés à des postes stratégiques. C’est pas le moment.

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Après avoir installé le chaos en Côte d’Ivoire, La France recolonise le pays

C’est clair. La France a créé le chaos en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, elle procède à sa recolonisation. Le Plateau, le Manhattan ivoirien, cité des affaires, n’est plus que l’ombre de lui-même. Vitrine de la Côte d’Ivoire, cette commune est plongée dans un désordre total duquel il lui sera difficile de se relever. Tout a été pillé par les hommes que la France y a déversés. Cette cité est aujourd’hui à l’image de Bouaké, Korhogo, Man… Des villes pillées, ruinées par la rébellion. Aucun magasin ni supermarché n’est épargné, encore moins les bureaux de l’administration. Tout a été emporté par les pillards que le camp Ouattara qualifie d’anonymes. Alors que c’est le fait de ses combattants qui nous ont habitués à de telles scènes. « C’est incroyable ! Ça, ça ne peut pas être le fait de jeunes ivoiriens. Ils aiment tellement leur pays qu’ils ne peuvent pas agir ainsi. C’est le fait de gens venus d’ailleurs, qui font en sorte que la Côte d’Ivoire plonge… », Accuse un jeune cadre du Trésor, en colère, dont le bureau n’est pas épargné tout comme le parlement. Si les pilleurs étaient des partisans du Président Laurent Gbagbo, pourquoi s’en prendraient-ils à l’Assemblée nationale majoritairement aux mains de Lmp ? A la vérité, la France vient de réaliser son rêve : mettre la Côte d’Ivoire à genou. Le pays s’est retourné à l’Etat sauvage. Plus aucune structure, police, – aucune gendarmerie et autres services-, de l’Etat ne fonctionne. Ce sont les combattants à la gâchette facile que la France y a déversés, qui font la loi. Gare à celui qui les défie. Il prendra une décharge de plomb qui le fera taire à jamais. « Ils ont exécuté un voisin du quartier qui a refusé de leur remettre sa voiture. A qui le tour demain ?», a expliqué un habitant d’Angré, la peur au ventre. Et conscient de cela, Alassane a renforcé la démarche colonisatrice de la France, en lui confiant, (à la Licorne et à l’Onuci) officiellement, la sécurité du Port autonome d’Abidjan et de points stratégiques comme l’Aéroport. Un port que Paris guettait depuis longtemps comme outil de recolonisation. Aberration que l’on n’a pas encore constatée dans des pays comme le Bénin et le Togo. En Côte d’Ivoire, la France se comporte en territoire conquis, comme à la « belle » époque coloniale. C’est elle qui fait désormais la loi en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi la Licorne peut se permettre d’aller combattre à Yopougon, avec chars et autres armes lourdes, à la place de la rébellion. Leur prétexte, désarmer les résistants pro-Gbagbo. Alors qu’au même moment, les soldats français tolèrent les atrocités commises par les bandes armées venues du Nord. « La France est venue bombarder des civiles ici à Yopougon. Nous ne savons à qui nous plaindre. C’est difficile. C’est comme si nous ne sommes plus des hommes », confie un habitant du sous quartier Koweït, théâtre des bombardements de l’armée française. Aujourd’hui, le peuple ivoirien élève la voix et confie son sort au Ciel. Puisque la France, dans sa volonté colonisatrice, s’adonne à tout, même au pire des exactions, comme au temps jadis.

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RECOLONISATION

Objectivité et indépendance des médias dans la crise en Côte d’Ivoire

Selon le dernier classement mondial de la liberté de la presse, la France a encore régressé et se place désormais au 44e rang derrière bon nombre de jeunes républiques africaines (Mali, Cap vert, Ghana, Tanzanie, Afrique du Sud, etc). Une telle régression amène à s’interroger sur l’objectivité de l’information diffusée lorsqu’il s’agit de l’actualité des pays africains. L’uniformisation de l’information concernant la crise ivoirienne, constatée dans la quasi-totalité de la presse française et journaux télévisés, amène à soulever la question d’un risque de formatage de l’opinion publique.

La Françafrique décomplexée en Côte d’Ivoire

Les crises en Afrique se suivent et se ressemblent. La crise politico-militaire sans précédent qui secoue la Côte d’Ivoire depuis Septembre 2002, et qui a détruit son image de paix et de stabilité, en témoigne. Pays phare du pré carré français, la Côte d’Ivoire a toujours entretenu des relations privilégiées avec son ancienne métropole. Premier partenaire commercial de la France sur l’ensemble de la zone de l’union économique monétaire ouest africaine (UEMOA), c’est d’abord par l’imposition du franc CFA (franc des Colonies Françaises d’Afrique), propriété de l’Etat français, outil d’un système de pillage depuis 1945, que ce pays subventionne les comptes financiers français. Ainsi, les banques installées en Côte d’Ivoire sont des filiales des banques françaises (BNP, Société Générale, etc). De plus, un bon nombre des lieux stratégiques sont des propriétés de la France : un exemple, depuis l’indépendance, le Palais de la Présidence de la République est toujours une propriété de la France qui en perçoit le loyer ! Encore, sous prétexte d’accord de défense, la France maintient ses bases militaires qui servent en réalité à maintenir les dictateurs en place et à déstabiliser les pays cherchant à s’affranchir de la tutelle néo-coloniale (Biafra/Nigéria, Guinée, etc).

Dans un tel contexte historique de dépendance de la France à l’égard de la Côte d’Ivoire, la question se pose de l’objectivité et de l’indépendance des médias français, détenus par de grands groupes politico-financiers qui ont eux-mêmes leurs intérêts dans le pays.

Une crise ivoirienne de longue date

Durant le règne d’Houphouët-Boigny jusqu’à sa mort en 1993, suivie de la présidence de Henri Konan Bédié en 1995, qui trouva sa fin au coup d’Etat du Gal Robert Gueï le 23 Décembre 1999, la Françafrique

Faisait plus que prospérer en Côte d’Ivoire. Mais l’élection de janvier 2000 a porté au pouvoir l’éternel opposant au monopartisme d’Houphouët-Boigny, Laurent Gbagbo, qui ne rentre pas dans le cadre habituel des présidents soutenus par l’Elysée. A ces mêmes élections, Alassane Dramane Ouattara fut interdit de se présenter à cause de la loi d’ivoirité que lui-même avait paradoxalement avalisée en tant que membre du PDCI, en 1994, sous la présidence de H.K.Bédié. On rappellera que Laurent Gbagbo, alors député, vota contre ce projet de loi.

Le 19 Septembre 2002 naissait la rébellion au Nord du pays, organisée par Ouattara. Dès lors la France envoya la Force Licorne qu’elle fit déployer à travers le pays, bien qu’elle fût très mal acceptée, notamment par la population du Sud. En Janvier 2003, la France convoqua à Marcoussis, une simple bourgade française, une table ronde réunissant les partis politiques présents à l’Assemblée Nationale et les mouvements rebelles, mais sans qu’aucune institution ivoirienne n’y soit conviée, ni les forces de défense et de sécurité, ni le président de la République de Côte d’Ivoire. Les accords furent alors signés entre privés qui n’assumaient aucune responsabilité dans la gestion de l’Etat ivoirien. Ces accords tendaient à constituer un gouvernement de réconciliation nationale en imposant à Laurent Gbagbo l’introduction dans son gouvernement des ministres issus du camp rebelle. Par ailleurs, les accords prévoyaient le désarmement des troupes rebelles. Pourtant, jusqu’aux élections de Novembre 2010, le désarmement n’était toujours pas accompli, et ce malgré la présence des Nations Unies qui devaient y veiller. C’est dans ce contexte que le processus des élections présidentielles fut lancé. La SAGEM, entreprise française controversée, était en charge du recensement des électeurs. Et avec une surestimation par la SAGEM de plusieurs centaines de milliers d’électeurs, à l’issue du deuxième tour le 28 novembre 2010, deux hommes que tout oppose ont été déclarés élus : Alassane Dramane Ouattara proclamé président par France 24 à l’Hôtel du Golf, épaulé par les ambassadeurs de France et des Etats-Unis, sur le comptage provisoire de la Commission Electorale Indépendante ; Laurent Gbagbo, déclaré président après comptage des scrutins par le Conseil Constitutionnel Ivoirien.

Face à ce résultat pour le moins ambigu, les médias français restent pourtant unanimes : sans tenir compte de l’avis du Conseil Constitutionnel Ivoirien c’est, selon leur message, uniquement à la « communauté internationale » que revient la légitimité de proclamer les résultats des élections présidentielles dans ce pays souverain.

Deux hommes que tout oppose

Arrivé en Côte d’Ivoire en 1990 pour faire appliquer les mesures d’ajustement structurel imposées au pays par le FMI pour redresser son économie, Alassane Ouattara, formé dans les universités de Philadelphie et de Pennsylvanie aux USA, instaure la carte de séjour des étrangers. Il entame la privatisation des entreprises publiques ivoiriennes (SODECI, EECI, CI TELCOM). Alassane Ouattara impose la réduction des salaires des enseignants de moitié. Il a fait voter à l’Assemblée nationale, la loi liberticide dite « loi anticasseurs ». Celle-ci rend pénalement responsable les leaders des partis d’opposition et les syndicats indépendants des actes ou infractions commises par leurs sympathisants, militants ou syndiqués. A la suite d’une marche de protestation consécutive à un raid de l’armée sur la cité universitaire de Youpougon, il fait emprisonner  l’ensemble des responsables de l’opposition avec leur famille à la MACA dont Laurent Gbagbo ; sa femme Simone Gbagbo sera également emprisonnée. Alassane Ouattara décide la suppression des restaurants universitaires ainsi que les cars de transport gratuits des étudiants, il augmente les frais d’inscription dans les universités et introduit les loyers payants des chambres d’étudiant. Il supprime la gratuité des soins hospitaliers. Il confie à l’entreprise de sa femme (AICI) la gestion du patrimoine mobilier du pays et prépare le dossier de la dévaluation du franc CFA qui aura lieu en 1994.

Membre du syndicat national de la recherche et de l’enseignement supérieur (SYNARES), Laurent Gbagbo participe aux mouvements de grève de l’enseignement en 1982, et fonde dans la clandestinité le futur Front Populaire Ivoirien. Il part en exil pour la France en 1985, afin de lutter contre la dictature du PDCI, alors parti unique, et promouvoir le multipartisme. Il épouse en secondes noces Simone Ehivet Gbagbo, syndicaliste marxiste. En mai 1991, puis en février 1992 ont lieu d’importantes manifestations étudiantes. Le 18 février – Alassane Ouattara étant alors premier ministre – Gbagbo est arrêté, puis condamné le 6 mars à deux ans de prison. Il importe de préciser que Laurent Gbagbo alors député à l’Assemblée nationale, fut condamné et incarcéré sans que son immunité parlementaire ne soit levée.

En 2000, Laurent Gbagbo, élu Président, marque sa gouvernance par un style différent : il instaure l’école gratuite, la suppression de l’uniforme, l’assurance maladie universelle. Il met aussi en place le processus de décentralisation.

 

 

Le vocabulaire de la désinformation : une stratégie de manipulation de longue date

« Escadrons de la mort », « charniers », « charnier de Youpougon », « actes génocidaires », « poudrière identitaire », « crimes contre l’humanité » ces mots et concepts associés sont choisis par les médias et répétés à longueur de temps sur les ondes. Rappelons que les journaux Le Monde, Libération, La Croix, Paris Match, etc ont été condamnés par les tribunaux français suite aux plaintes des époux Gbagbo. Il s’agit là en effet d’une vieille méthode déjà très employée dans d’autres circonstances sur le continent africain: durant les années 60 pour faire tomber Patrice Lumumba, le nationaliste du Congo Belge ; ou encore pour déstabiliser le Nigéria (Biafra) en utilisant le terme « génocide » pour jouer sur la fibre émotionnelle et ainsi faire appel à la compassion du monde occidental pour mieux légitimer l’intervention militaire française en territoire sous contrôle anglais ; rappelons aussi qu’au Rwanda, de longue date les Belges eurent recours à un langage spécifique pour introduire la division ethnique, une arme de domination pour mieux régner.

Embargo : « un crime humanitaire »…

…Cynisme et hypocrisie des Droits de l’Homme

A la suite de l’interdiction des navires sur les ports du pays, décidée par l’union européenne en Février 2011, les cargaisons de médicaments destinées à la Côte d’Ivoire ont depuis été détournées vers le port de Dakar. Ces mesures de rétorsion mettent en danger la vie de millions de malades en Côte d’Ivoire.

Cette mesure d’embargo fait partie d’une série de décisions de l’Union Européenne visant à asphyxier le pays à tous les niveaux, et notamment au plan économique, sanitaire et de la diplomatie. Elle vise à obtenir ainsi le départ du président Laurent Gbagbo du pouvoir et imposer l’opposant Alassane Ouattara.

Ces mesures de rétorsion touchent aussi les producteurs de cacao, paysans et ouvriers agricoles qui ne peuvent plus vivre de leur production.

Quelle politique à venir en ce début du XXIe siècle ?

1454 : le Pape Alphonse V autorisait la traite négrière

1885 : l’Europe se partage l’Afrique

2011 : un nouvel ordre est-il en train de se dessiner, dans lequel l’Afrique serait encore la proie des capitalistes occidentaux ?

La vision d’une politique africaine alternative doit maintenant dépasser la dénonciation de la Françafrique. Au-delà de la relation coupable avec les dictateurs africains, les relations franco-africaines sont empoisonnées par une méfiance constante et systématique envers les dirigeants africains. Certains s’efforcent pourtant de développer une nouvelle forme de souveraineté.

Quant aux rôles des médias et de la société civile occidentale, quand se mettront-ils enfin au service de cette volonté d’émancipation et de liberté dont font preuve – chaque jour d’avantage – les populations africaines ?

Nathalie Callede

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A qui profitent les sanctions de l’UE ?

1. Qui de la Côte d’Ivoire, de la France ou encore des opérateurs économiques des différentes plate-formes portuaires ivoiriennes (port d’Abidjan et de San-Pedro) paient le plus lourd tribut des sanctions de l’UE? Parce qu’il est difficile de comprendre que dans le souci de vouloir asphyxier un individu et son camp, l’on mette à mal les activités de tout un secteur donné. Les sanctions de l’UE et de la France sur les ports ivoiriens, faut-il le noter, sont tombées le 14 janvier 2011. Ces sanctions concernent le gel des avoirs du port en France, l’interdiction aux navires immatriculés sur l’espace européen de faire des escales dans ledit port et l’interdiction pour le directeur général d’effectuer des missions en Europe. Dans les premiers jours, la note officielle de l’UE n’a pas porté ses fruits. Tout simplement parce que 99% des navires ne sont pas immatriculés en Europe. La plupart de ces navires sont immatriculés au Bahamas, à Panama et au Liberia où ils bénéficient de pavillons de complaisance. Fort de cet échec, la sanction a changé de cible pour s’étendre aux navires européens. Plus d’un mois après la mise en œuvre de ces sanctions, l’on note effectivement un ralentissement de l’activité économique en zone portuaire. Les navires continuent de venir dans les eaux ivoiriennes mais, à cadence réduite. La Côte d’Ivoire n’est, certes, pas dans une situation chaotique. Mais elle commence à ressentir durement les pertes de trafics. Bien que ces mesures soient désastreuses pour les autorités ivoiriennes, se sont les opérateurs économiques de la plate-forme portuaire qui en payent le lourd tribut. Ces hommes d’affaire commencent, du reste, à ne plus tenir le coup. D’où des mesures de compression, qui jettent involontairement à la rue des milliers de travailleurs. Aussi, les mesures prises n’épargnent pas de nombreux opérateurs privés (transitaires, consignataires et manutentionnaires), singulièrement des Européens, qui interviennent dans ces secteurs. C’est le cas de ce géant français sur les côtes ivoiriennes, dont les activités connaissent une sérieuse baisse à l’image de bien d’entreprises françaises installées au port d’Abidjan, et qui risquent de perdre leur position de monopole avec les tentatives de diversification de partenaires commerciaux par les autorités ivoiriennes en place.

I.B.

La riposte du camp Gbagbo
. Les grosses manœuvres de Gossio, DG du PAA

Le gouvernement Aké N’Gbo ne veut pas assister impuissant à la mort programmée des ports ivoiriens durement éprouvés par les sanctions de l’UE. Le premier responsable de la plate-forme portuaire d’Abidjan, Marcel Gossio, directeur général, a effectué une mission en Chine pour négocier de nouvelles opportunités d’affaires. En attendant une suite favorable à ces différentes missions, le camp Gbagbo réfléchit au développement d’un armement national. L’objectif étant de prendre des initiatives visant à garantir la continuité des opérations dans les ports d’Abidjan et de San-Pedro. La session extraordinaire de l’Assemblée nationale du mercredi 23 février a été le lieu pour les parlementaires de plancher sur cette question. Le ministre de l’Equipement et de l’Assainissement, Ahoua Don Mello, a énuméré les mesures urgentes prises au cours de cette session. Il s’agit, entre autres, du développement du transport maritime inter-côtier, l’affrètement de navires, le développement d’armements nationaux, la prospection de nouveaux horizons pour les échanges extérieurs de la Côte d’Ivoire, eu égard aux conséquences des embargos sur les deux ports ivoiriens. Celles-ci se résument en termes de baisse de l’offre de transport maritime, mais aussi de trafic de navires. Pour le port d’Abidjan, selon le ministre Don Mello, de 7 navires en moyenne par jour en 2010, l’on n’enregistre plus aujourd’hui que 5 navires. Sans compter le renchérissement des coûts de transport et du fret, la forte déviation du cacao, le risque de fermeture de certaines entreprises du fait de la baisse des activités économiques, le détournement des trafics des deux ports vers des ports voisins. Conséquence, le port ivoirien, l’un des plus gros de l’Afrique subsahariennne, court le risque de la perte de sa position de leader de la sous-région. Par exemple, le chargement de cacao est passé de 21359 tonnes au 23 janvier 2010 à 1180 tonnes au 20 février 2011. Le tonnage en vrac est passé, sur la même période, de 24000 à 00 tonne. Cela montre qu’il y a danger à l’horizon. Si rien n’est fait pour sauver la situation.

I.B.

Source : L’Inter

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